Une nouvelle méthode pour tester directement la gravité quantique
Article source: trustmyscience.com
L’unification de la relativité générale et de la mécanique quantique est un des enjeux primordiaux de la physique moderne. Ces dernières années, de nombreuses théories à gravité quantique ont progressivement émergé parmi lesquelles la théorie des supercordes, la gravitation quantique à boucles ou encore la géométrie non commutative.
Cependant, si les théories sont de plus en plus pointues, la technologie quant à elle ne permet toujours pas d’offrir les cadres expérimentaux nécessaires pour tester celles-ci. Les conditions expérimentales requises pour procéder à ces tests sont extrêmement difficiles à réunir, les effets de la gravité quantique n’apparaissant qu’à des échelles de l’ordre de la longueur de Planck (soit 1.6×10-35 m) et requièrent donc de très hautes énergies.
Ces niveaux d’énergie se situent bien au-delà de l’énergie actuellement accessible par les accélérateurs de particules ; par exemple, l’énergie nécessaire pour observer l’échelle de Planck est environ 15 fois plus élevée que celle que le LHC est capable d’atteindre. Pour contourner cette insuffisance technologique, une équipe internationale de physiciens a récemment proposé un protocole permettant de tester la gravité quantique au moyen de notre technologie actuelle.
La non commutativité de l’espace-temps : un paramètre testable de la gravité quantique
Pour le moment, ni les énergies accessibles au sein des accélérateurs de particules, ni les observations astrophysiques ne permettent d’étudier la gravité quantique. Pour autant, les chercheurs ne sont pas piégés dans une voie sans issue. En effet, dans une récente étude publiée dans le journal Nuclear Physics B(1), une équipe internationale de physiciens propose de tester directement un paramètre intrinsèque à toute théorie de la gravité quantique : la non commutativité.
1. La commutativité en mécanique quantique
En mécanique quantique, lorsque l’on décrit un système quantique (comme une particule), l’on utilise une fonction d’onde, c’est-à-dire un outil mathématique contenant les propriétés du système étudié. Cette fonction d’onde contient les différentes caractéristiques du système : énergie, position, spin, vitesse, orientation, etc. Ces caractéristiques sont appelées des « observables » et correspondent donc à des grandeurs physiques mesurables.
Cependant, en mécanique quantique, l’on ne manipule pas directement ces grandeurs ; à la place, on leur assigne ce que l’on appelle des « opérateurs quantiques ». Ces opérateurs sont simplement des objets mathématiques formalisant/représentant les observables. Il y a ainsi l’opérateur position, l’opérateur vitesse, l’opérateur spin… Ce sont donc ces opérateurs qui sont utilisés pour décrire le système.
La relation qu’entretiennent les différents opérateurs entre eux peut être décrite à l’aide d’un paramètre particulier : la commutativité. La commutativité indique s’il est possible de mesurer simultanément deux grandeurs ou non. Ainsi, si deux opérateurs sont commutatifs, les grandeurs qu’ils représentent peuvent être mesurée simultanément. Au contraire, s’ils ne sont pas commutatifs (non commutatifs), alors les deux grandeurs représentées ne peuvent pas être mesurées simultanément.
Mathématiquement, on parle du commutateur entre deux opérateurs. Pour deux opérateurs A et B, le commutateur s’écrit [A,B] = AB-BA. L’essentiel à retenir ici est que si le commutateur est nul, alors les deux opérateurs sont commutatifs. A l’inverse, si le commutateur est non-nul, alors les deux opérateurs sont non commutatifs. Deux opérateurs non commutatifs sont appelées des « observables complémentaires » ou des « variables conjuguées ».